Notre ami Georges Dusserre s’est éteint le 15 juillet, à l’aube de ses 93 ans. C’est une grande perte pour la Société d’Études, où il était entré à 20 ans et où il ne comptait que des amis et des admirateurs de son œuvre. Pierre-Yves Playoust lui a rendu hommage à la cathédrale ; il a témoigné de notre grande reconnaissance pour son action incessante au service de la Société d’Études.

Il a exprimé aussi notre grande affection pour cet homme discret et chaleureux, qui agissait sans chercher les honneurs et qui savait transmettre et donner. La Société d’Études lui rendra hommage au cours d’une journée spéciale.
 

Cher ami Georges Dusserre,

Il m’a été confié le soin de vous dire « adieu » au nom de la Société d’Études à laquelle vous avez tant donné de vous-même. Vous y êtes entré en 1948, à l’âge de 20 ans. Vous avez contribué à son réveil après la parenthèse de la guerre en compagnie du chanoine Motte et de Justin Barrachin qui en furent successivement présidents. Vous avez été secrétaire-trésorier de 1948 à 1966, vice-président chargé de la trésorerie ainsi que directeur des publications de 1966 à 2001. La Société d’Études a été, véritablement, la matrice de vos engagements ultérieurs.

Nous nous connaissions depuis 1969. Je n’ai pas oublié l’accueil que vous m’avez réservé cette année-là alors que je venais de prendre mes fonctions aux archives départementales des Hautes-Alpes. Je savais déjà que vous étiez de tous les combats en faveur de la défense des biens culturels de ce beau département.

N’aviez-vous pas, entre autres actions d’éclat, contribué à sauver de la destruction la chapelle des pénitents de Villard Saint Pancrace ? N’aviez-vous pas bataillé pour éviter la mise au rebut des grilles du XVIIIe siècle séparant le chœur de la nef de la cathédrale d’Embrun ? Vous aviez soutenu l’action déterminante d’André Golaz pour la mise en valeur de la citadelle de Mont-Dauphin. Et je vous ai vu à l’œuvre dans les débats préalables à la réhabilitation de l’ancienne abbaye de Boscodon et surtout, dans la prise en main de l’important dossier du château de Tallard. J’ai été témoin des multiples démarches que vous aviez entreprises, en tant que fondateur du comité de sauvegarde du château, auprès de la conservation régionale des Monuments historiques, des négociations avec la commune de Tallard et avec le conseil général avec l’appui du préfet des Hautes-Alpes.

Toutes ces actions ne doivent pas faire oublier l’énergie que vous avez déployée pour assurer le fonctionnement au quotidien de la Société d’Études, avec la complicité de Paul Pons, son secrétaire général durant de longues années. Vous avez été à l’origine de ces publications de la Société d’Études qui ont tant contribué à faire connaître au grand public, le Queyras du général Guillaume, l’histoire de Gap de Jean-Charles d’Amat, d’Embrun du général Hubert, de Briançon de Jacqueline Routier et de Veynes de Christine Roux.

Vous avez été l’artisan en 1982 du centenaire de la Société d’Études dont le bilan, toutes disciplines confondues, publié dans un volume d’actes, était loin d’être négligeable. Au cours des années 2000, vous avez laissé à d’autres le soin d’assurer le suivi au jour le jour des travaux de notre société. Avec l’aide bienveillante de Christine de Brier, vous êtes resté fidèle et attaché au bureau et au conseil d’administration de la société.

L’on ne saurait oublier que vous avez été conservateur du Musée départemental de Gap de 1975 à 1993 et le premier président du nouvel office municipal de la culture de Gap de 1976 à 1980. Par ailleurs, votre action a été déterminante dans le cadre de la société de l’histoire et du patrimoine de l’ordre de Malte.

L’on pourrait ainsi parler longuement de votre propre bilan. Aussi la Société d’Études se propose-t-elle d’organiser, si possible au printemps 2022, une journée de rencontre autour des multiples facettes de votre action. Pour l’heure ce sont l’émotion et le recueillement qui prévalent face à la disparition d’un homme attachant tel que vous.

De vous l’on gardera le souvenir d’un homme combatif et obstiné, vous l’avez montré en particulier pour le château de Tallard, d’un homme convaincant et persuasif qui a suscité d’importantes donations à la Société d’Études et au Musée départemental, d’un homme généreux, dévoué et accueillant, mettant ses interlocuteurs en confiance. Vous avez été un « passeur de mémoire » très précieux pour tous ceux qui ont contribué à la permanence et à la continuité de l’action de la Société d’Études si indispensable par les temps qui courent.

Et je voudrais terminer mon propos en soulignant le courage et l’abnégation dont vous avez fait preuve au cours de ces toutes dernières années, assumant votre fragilité physique et votre relative solitude éloigné que vous étiez de votre résidence de la rue Carnot. Mais nous ne vous avons jamais oublié et ne vous oublierons jamais, vous qui avez été pendant un demi-siècle le pilier et l’âme de la Société d’Études.

Adieu cher ami Georges Dusserre.

Pierre-Yves Playoust

20 Juil 2021

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